Démêlons ensemble les idées reçues sur la maltraitance des enfants
Publié le 31 octobre 2025
10 minutes de lecture
La maltraitance des enfants reste malheureusement un fléau silencieux en France. Selon le dernier rapport du 119 (Allô Enfance en Danger), plus de 40 000 situations d’enfants en danger ou en risque de danger ont été traité en 2022.
Une enquête de Santé Public France révèle que près d’un adulte sur quatre déclare avoir subi des violences graves durant l’enfance. Le Ministère délégué chargé de l’Enfance révèle quant à lui qu’un enfant meurt tous les six jours des suites de violences intrafamiliales.
Ces chiffres rappellent une réalité : la maltraitance n’est pas rare. Elle peut toucher toutes les familles, tous les milieux. Pour mieux la prévenir, il est essentiel de déconstruire certains préjugés persistants qui minimisent ou déforment notre compréhension de la maltraitance.
Dénouons ensemble les idées reçues, Vrai ou Faux ?
1. « La maltraitance des enfants est rare en France aujourd’hui. »
Faux. Lesdonnées montrent qu’elle reste fréquente. L’OMS estime qu’1 enfant sur 5 a déjà subi des violences physiques ou sexuelles. Selon l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE), plus de 51 000 enfants sont victimes de maltraitance chaque année, tous types confondus.
Les signalements reçus par le 119 (Allô Enfance en Danger) montrent l’ampleur du phénomène : des milliers de situations jugées préoccupantes ou dangereuses. Affirmer que la maltraitance est rare, c’est minimiser une réalité dramatique et risquer de maintenir le silence autour des victimes.
2. « Un enfant victime de maltraitance se comporte toujours de manière triste et isolée. »
Faux. Il n’existe pas de “profil type” d’un enfant victime. Les enfants victimes de maltraitance ne réagissent pas tous de la même façon. Certains affichent une attitude sombre, renfermée, mais d’autres adoptent un comportement opposé afin de s’adapter ou de survivre :
- Hyperactivité ou agitation : certains enfants bouillonnent, semblent “toujours en mouvement”, comme pour canaliser leur anxiété ou agitation interne.
- Agressivité ou provocation : pour masquer leur souffrance ou se défendre, ils peuvent adopter un comportement provocateur.
- Obéissance excessive, “modèles” de l’enfant sage : pour éviter le conflit, certains enfants se montrent exemplaires, silencieux, très conformes aux attentes, afin de “ne pas déranger”.
- Dissociation ou “fuite intérieure” : certaines victimes peuvent sembler absentes, rêveuses, distraites, comme si une part d’elles se repliait pour se protéger.
L’absence de tristesse apparente n’est donc pas un signe que tout va bien — il ne faut pas interpréter un comportement “normal” comme preuve que l’enfant n’est pas victime.
3. « La dépendance augmente le risque de maltraitance. »
Vrai. Plus une personne est vulnérable, plus elle est exposée. La vulnérabilité, qu’elle provienne d’un handicap, d’une perte d’autonomie, d’une situation de dépendance, est un facteur de risque reconnu pour la maltraitance.
- Lorsqu’une personne (enfant ou adulte) dépend fortement d’un parent ou d’un aidant pour les actes de la vie quotidienne, cela peut créer un rapport de pouvoir, de contrôle et une pression psychologique.
- Le stress de la prise en charge, le surmenage de l’aidant, l’isolement ou le manque de ressources peuvent provoquer des actes de négligence ou des comportements abusifs.
- La dépendance rend l’alerte plus difficile : la victime peut craindre la rupture du soutien ou l’abandon si elle exprime ses difficultés.
Ce constat est largement documenté dans les champs de la protection de l’enfance, du grand âge, et des situations de handicap. Ainsi, dire que la dépendance ne joue pas un rôle est tourner le dos à une réalité bien connue.
4. « Les violences psychologiques (humiliations, menaces, isolement) sont moins graves que les violences physiques. »
Faux. Les violences psychologiques peuvent être aussi, voire plus, nocives à long terme. Les violences psychologiques, souvent invisibles à l’œil nu, laissent des cicatrices très durables :
- Elles peuvent engendrer des troubles psychiques (anxiété, dépression, trouble de stress post-traumatique), des difficultés relationnelles, une faible estime de soi, des troubles de la concentration ou de l’apprentissage.
- Les effets peuvent perdurer pendant l’âge adulte, affecter la santé mentale, la résilience, les capacités à construire des relations saines.
- Psychologiquement, l’agression constante sur l’estime, la culpabilité, l’isolement, la honte, la remise en question sont des violences “à l’intérieur”, plus difficiles à détecter et à verbaliser.
- Parfois, les dommages psychologiques s’imposent comme des handicaps invisibles : la personne peut sembler “fonctionnelle” mais porter un fardeau émotionnel profond.
Il est donc erroné de classer les violences psychologiques comme “moins graves” que les violences physiques : elles doivent être traitées avec autant de sérieux.
5. « Les proches-aidants sont très rarement auteurs de maltraitance. »
Faux. L’épuisement, le stress, la pression peuvent y contribuer. Cette affirmation est dangereusement simpliste. Les proches-aidants (pour enfants, personnes âgées, personnes en situation de handicap) sont dans une position délicate. Beaucoup n’ont pas de formation, de soutien ou de ressources suffisantes.
L’épuisement, le stress, la tension psychologique, la culpabilité ou l’isolement peuvent fragiliser. Sans intention délibérée de nuire, certains actes de négligence ou de maladresse peuvent dégénérer — par fatigue, surcharge, débordement émotionnel.
Dans certains cas, l’aidant développe une erreur de gestion émotionnelle : culpabilité, colère, sentiment d’impuissance ou de lourde responsabilité, cela peut déboucher sur des actes maltraitants. Les signalements montrent que lorsqu’il y a maltraitance, l’auteur est souvent un parent ou un proche. Le tabou, la proximité affective et le contexte familial rendent d’autant plus difficile la reconnaissance.
Parler de maltraitance, c’est déjà agir pour la prévenir. Chaque adulte a un rôle à jouer : écouter, observer, signaler. En cas de doute, il ne faut jamais hésiter à composer le 119 (Allô Enfance en Danger, numéro national gratuit et confidentiel 24h/24 et 7j/7). Chez O2, nous croyons qu’un environnement bienveillant, encadré et formé à la prévention peut faire toute la différence. Parce que protéger l’enfance, c’est aussi accompagner les parents.
Bibliothèque de ressources :
- Au cœur des émotions de l'enfant, Isabelle Filliozat – Marabout, 2019 - Les parents sont souvent démunis devant l’intensité des émotions de leur enfant. Ils cherchent volontiers à les calmer, à faire taire les cris, les pleurs. Or l’émotion a un sens, une intention. Elle est guérissante. Ce livre très concret tire ses exemples du quotidien, aide les parents à comprendre la peur, la colère, la joie, la tristesse et le besoin de l’enfant d’exprimer ces sentiments. Tout cela pour mieux l’accompagner vers l’autonomie et vers davantage d’apaisement.
- Parent sans s'énerver, Isabelle Filliozat – Nathan, 2022 - 10 défis d'Isabelle Filliozat pour une parentalité zen et harmonieuse ! Personne ne se dit " je serai une mère pleine de colère et de rage contre ses enfants ", " Je serai un père qui criera pour obtenir le calme ". Non ! … On rêve d'amour et de tendresse, d'enfants bien élevés et de fluidité. Puis un jour, on se retrouve en train de hurler... D'où vient tant de fureur ? Et si on changeait ça ? Un livre illustré pour faire face aux crises et aux pleurs sans stress. Des défis ludiques et faciles pour tous ceux qui veulent adopter une parentalité positive sans lire des pavés. Des conseils pratiques, des bons réflexes pour bien réagir quand la tension monte. 10 défis faciles pour apprendre la régulation émotionnelle et retrouver l'harmonie familiale.
- Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, Adèle Faber & Elaine Mazlish – Les éditions du Phare, 2023 - Pourquoi se quereller avec les enfants quand il est possible de faire autrement ? Basé sur de récentes prises de conscience en psychologie, ce livre présente des façons innovatrices de résoudre les problèmes qu'on rencontre dans toute relation parent-enfant. Il met de l'avant une approche lucide, sensible et respectueuse, qui entraîne moins de stress et plus de gratification pour les parents comme pour les enfants. On y trouve des techniques à la fois concrètes, pratiques et surtout efficaces. Ça fonctionne, les résultats sont là ! De charmantes bandes dessinées illustrent comment les habiletés de communication s'appliquent dans la vie quotidienne. Les parents apprennent comment : s'y prendre avec les sentiments négatifs de l'enfant, ses frustrations, ses déceptions, sa colère, etc ; susciter le désir de coopérer ; mettre des limites fermes tout en maintenant un climat d'ouverture ; éviter le recours à la punition ; favoriser l'image positive de l'enfant ; résoudre les conflits familiaux dans une atmosphère de calme.
- Parler pour que les tout-petits écoutent, Joanna Faber & Julie King – Les éditions du Phare, 2023 - Depuis plus de 35 ans, des parents se tournent vers le livre Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent d'Adèle Faber et Elaine Mazlish pour ses solutions respectueuses et efficaces face aux interminables défis liés à l'éducation des enfants. Aujourd'hui, en réponse à la demande croissante, Joanna, la fille d'Adèle Faber, en collaboration avec Julie King, adapte les habiletés de communication de Parler pour que les enfants écoutent aux enfants de 2 à 7 ans. A l'aide d'une combinaison vivante de récits et de bandes dessinées, Joanna Faber et Julie King présentent des outils concrets capables de transformer votre relation avec les tout-petits au quotidien. Les défis et conflits de la vie de tous les jours s'y retrouvent. Ce livre est un manuel de premier soin essentiel pour la communication avec vos tout-petits. Il favorisera leur autonomie, la coopération, des relations harmonieuses avec parents, enseignants, frères, sœurs et pairs. Il comprend aussi un chapitre sur les besoins particuliers des enfants qui souffrent de troubles sensoriels et de troubles du spectre autistique.
- Parents respectueux, enfants respectueux, Sura Hart & Victoria Kindle Hodson – Marabout, 2016 - Les auteurs donnent ici aux parents les 7 clés d'une relation riche et positive afin de :• s'exprimer de façon à être entendu et respecté ;• gérer avec succès les désaccords et les problèmes de comportement ;• motiver ses enfants à participer de plein gré ;• poser des limites claires sans donner d'ordre ni rien imposer ;• encourager ses enfants à s'ouvrir, à coopérer et à réaliser pleinement leur potentiel ;• créer avec eux une relation extraordinaire et solide tout au long de la vie.Cet ouvrage permet de libérer le potentiel de chacun et d'établir un environnement fondé sur le respect mutuel, la sécurité émotionnelle et une communication positive et ouverte.
- Pour une parentalité bienveillante, Arnaud Riou – Leduc, 2020 - Nous souhaitons tous élever nos enfants avec bienveillance pour les aider à se construire et à s'épanouir. Par où commencer ? Comment incarner une autorité rassurante et inspirante plutôt que permissive ou punitive ? Comment maintenir notre cœur ouvert dans les moments sensibles et vivre pleinement notre parentalité ? L'amour au cœur du lien. Des exemples variés et concrets à mettre en place au quotidien : communication, écoute, attention, confiance, accueil des émotions, etc. Des questions-réponses qui vous aideront à prendre conscience que vous pouvez trouver en vous et avec votre enfant les solutions à différents conflits.
- Éduquer sans punir, Thomas Gordon – Marabout, 2024 - En matière d’éducation, faut-il imposer une discipline stricte ? Privilégier la bienveillance et l’écoute à tout prix ? Recourir aux punitions et aux récompenses ? Découvrez la méthode de Thomas Gordon qui allie la bienveillance envers l’enfant à l’affirmation des règles et des limites, dans le respect des besoins de chacun. Elle propose des outils simples mais efficaces permettant de mettre en place une communication sereine et durable, basée sur « l’écoute active » et « le Message-Je », ainsi que la résolution des conflits sans perdant. Grâce à ces pistes pratiques et à des exemples concrets, vous apprendrez à accompagner efficacement les enfants afin qu’ils développent leur autonomie, leur confiance et leur estime d’eux-mêmes, et deviennent naturellement capables d’autocontrôle et d’autodiscipline.
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