Retour Comment aider son enfant à persévérer face à l’échec ?

Soufflez !

Mon enfant abandonne dès qu'il échoue : comment lui donner le goût de l'effort ?

Publié le 31 octobre 2025

8 minutes de lecture

Mon enfant abandonne dès qu'il échoue : comment lui donner le goût de l'effort ?

"C'est trop dur, j'y arrive pas !" Avant même d'avoir vraiment essayé, votre enfant jette l'éponge, refuse de poursuivre, ou pire, entre dans une colère noire face à la moindre difficulté. Cette scène, de nombreux parents la vivent quotidiennement, que ce soit devant un puzzle récalcitrant, un lacet impossible à nouer, ou un exercice de mathématiques jugé insurmontable. Dans notre société qui valorise la réussite immédiate et où les écrans offrent des gratifications instantanées, la notion d'effort prolongé et de persévérance face à l'obstacle semble parfois s'être évaporée.

Pourtant, apprendre à faire face à l'échec, à tolérer la frustration et à persévérer malgré les difficultés constitue l'une des compétences les plus précieuses que nous puissions transmettre à nos enfants. Mais comment cultiver cette persévérance sans basculer dans la pression excessive ? Comment encourager l'effort sans transformer chaque activité en épreuve stressante ? Comment aider nos enfants à comprendre que l'échec n'est pas une finalité mais une étape vers la réussite ? Explorons ensemble les clés pour transformer ces moments de découragement en opportunités d'apprentissage et de croissance.

Du côté des parents

L'équilibre délicat entre encouragement et pression

Transmettre le goût de l'effort à son enfant ressemble à une danse subtile où chaque pas doit être mesuré. Trop d'exigence, et l'on risque de dégoûter l'enfant, de transformer l'apprentissage en corvée et d'installer une peur paralysante de décevoir. Trop peu d'encouragement, et l'enfant peut développer l'habitude d'abandonner au premier obstacle, convaincu qu'il n'est pas capable ou que l'effort n'en vaut pas la peine.

Ce dosage délicat devient encore plus complexe dans notre contexte culturel moderne. D'un côté, la société valorise l'excellence et la performance dès le plus jeune âge, créant une pression pour que nos enfants réussissent tout, tout de suite. De l'autre, le discours bienveillant contemporain nous incite à ne jamais contrarier ni frustrer nos enfants. Entre ces deux injonctions contradictoires, les parents se retrouvent souvent perdus, ne sachant plus comment réagir face à un enfant qui abandonne.

Cette difficulté est amplifiée par nos propres histoires personnelles. Un parent qui a lui-même souffert d'une pression excessive durant son enfance aura peut-être tendance à ne rien exiger, par peur de reproduire ce schéma douloureux. À l'inverse, celui qui a intégré la valeur de l'effort au prix de beaucoup de larmes pourrait inconsciemment reproduire cette dureté, convaincu que "c'est comme ça qu'on apprend".

Naviguer entre différents tempéraments

La complexité s'accroît encore lorsqu'on prend en compte la diversité des profils d'enfants. Certains sont naturellement persévérants, capables de recommencer dix fois la même construction sans perdre patience. D'autres abandonnent au premier échec, submergés par une frustration disproportionnée. D'autres encore refusent même d'essayer, paralysés par la peur de ne pas y arriver du premier coup.

Face à l'enfant ultra-compétiteur qui ne supporte pas de perdre et pour qui chaque jeu devient un enjeu de vie ou de mort, les parents se trouvent démunis. Comment lui apprendre que participer compte autant que gagner, sans éteindre cette flamme de la compétition qui peut aussi être une force ? Comment gérer ses crises lorsqu'il termine deuxième alors qu'il espérait la première place ?

L'enfant perfectionniste, celui qui déchire rageusement son dessin parce que le nez n'est pas exactement au bon endroit, confronte les parents à une autre difficulté. Comment l'aider à accepter l'imperfection sans diminuer ses ambitions ? Comment lui faire comprendre que le processus compte autant que le résultat ?

Quant à l'enfant "papillon", qui commence cent activités sans jamais en terminer aucune, il teste la patience parentale d'une autre manière. Faut-il le forcer à terminer ce qu'il commence, au risque de transformer chaque projet en bataille ? Ou accepter cette exploration permanente, au risque qu'il ne développe jamais de capacité de persévérance ?

Quand l'école devient le théâtre des difficultés

Ces défis prennent une dimension particulièrement anxiogène lorsqu'ils touchent au domaine scolaire. Un enfant qui abandonne face à un puzzle, c'est contrariant. Un enfant qui refuse de faire ses devoirs ou qui fond en larmes devant une difficulté mathématique, c'est une tout autre histoire. L'enjeu devient plus lourd, chargé de conséquences à long terme pour sa scolarité et son avenir.

Les parents se retrouvent alors pris dans une situation épuisante : encourager sans harceler, aider sans faire à la place, exiger sans décourager. Les devoirs du soir peuvent devenir un champ de bataille quotidien où tensions et larmes se succèdent, épuisant toute la famille et polluant la relation parent-enfant.

Cette situation est d'autant plus difficile à gérer que les parents perçoivent parfois cette tendance à l'abandon comme une forme de paresse ou de mauvaise volonté, alors qu'elle cache souvent des mécanismes émotionnels et psychologiques bien plus complexes.

Du côté des enfants

Les “tempêtes émotionnelles” de la difficulté

Pour comprendre ces comportements d'abandon, il faut plonger dans l'univers émotionnel de l'enfant face à l'obstacle. Les plus jeunes, avant 5-6 ans particulièrement, vivent une réalité intérieure intense, souvent bien plus dramatique que ce que les adultes imaginent, et il n’est pas toujours évident de se souvenir de ses propres émotions infantiles.

L'enfant qui déchire son dessin dans un accès de rage n'est pas capricieux ou mal élevé. Il vit une véritable détresse face au décalage entre ce qu'il visualise dans sa tête et ce que ses mains parviennent à produire. Cette frustration, disproportionnée aux yeux de l'adulte, est pour lui absolument insupportable. Son cerveau, encore immature dans la gestion des émotions, ne dispose pas des mécanismes nécessaires pour réguler cette tempête intérieure. La destruction devient alors le seul moyen qu'il trouve pour exprimer cette souffrance et faire cesser le sentiment d'échec.

L'enfant paralysé par la peur d'échouer vit une autre forme de tourment. Avant même de commencer, son esprit imagine le pire scénario possible : l'échec public, la déception des parents, la confirmation de son incompétence. Cette anticipation anxieuse le fige littéralement. Ne pas essayer devient une stratégie de protection : on ne peut pas échouer à ce qu'on ne tente pas. Cet évitement préserve son estime de soi fragile, mais au prix d'un renoncement croissant à toute nouveauté.

Le compétiteur acharné, celui qui ne supporte pas de perdre, ne cherche pas simplement à dominer les autres. Souvent, sa valeur personnelle s'est construite autour de la réussite. Perdre signifie pour lui bien plus qu'un simple revers : c'est une remise en question profonde de sa valeur en tant que personne. D'où ces réactions démesurées qui peuvent aller de la colère explosive au retrait boudeur.

Quand le papillonnage cache autre chose

L'enfant qui passe d'activité en activité sans jamais rien approfondir peut sembler dispersé ou peu sérieux. Pourtant, ce comportement peut traduire une stratégie d'évitement sophistiquée. En changeant constamment d'occupation, il s'épargne la confrontation avec la difficulté qui apparaît inévitablement lorsqu'on persévère dans une activité. Le moment où l'apprentissage devient exigeant est précisément celui où il trouve autre chose de "plus intéressant" à faire.

Ce papillonnage peut aussi révéler un enfant au tempérament de touche-à-tout qui comprend rapidement les bases d'une activité mais se lasse dès qu'elle nécessite de la répétition pour progresser. Ou encore un enfant anxieux qui teste différentes voies pour trouver celle où il excellera facilement, espérant échapper ainsi à la confrontation avec ses limites.

L'impact sur la vie scolaire

Lorsque ces difficultés se manifestent dans le cadre scolaire, l'enjeu devient plus important pour l'enfant. L'école, contrairement aux activités de loisir, n'offre pas la possibilité d'éviter les matières difficiles. L'enfant se retrouve obligé de faire face à ses difficultés quotidiennement, sous le regard de ses camarades et de ses enseignants.

Pour l'enfant qui abandonne facilement, chaque journée d'école peut devenir une épreuve anxiogène. Il développe parfois des stratégies d'évitement sophistiquées : oublis répétés de matériel, maux de ventre stratégiques, clowneries pour détourner l'attention. Ces comportements, loin d'être de la mauvaise volonté, constituent des mécanismes de défense face à une angoisse réelle.

Le cercle vicieux s'installe alors : moins l'enfant essaie, plus il accumule de retard. Plus le retard s'accumule, plus les tâches paraissent insurmontables. Plus elles semblent insurmontables, moins l'enfant ose s'y confronter. Cette spirale négative peut compromettre sa scolarité et, plus ennuyeux encore, construire une image de soi plutôt négative.

Des pistes pour cultiver la persévérance

La présence encourageante plutôt que l'exigence

Le premier ingrédient pour développer la persévérance chez l'enfant est la présence bienveillante et encourageante d'un adulte. Non pas une présence qui fait à sa place ou qui le pousse constamment, mais une présence qui reconnaît l'effort, qui valorise les progrès, et qui reste disponible dans les moments difficiles.

Cette présence se manifeste par des phrases spécifiques : "Je vois que tu essaies vraiment, c'est formidable" plutôt que "Tu dois y arriver". "Tu as progressé depuis hier, tu tiens ton crayon différemment" plutôt que "Ce n'est toujours pas ça". "Je comprends que ce soit difficile, veux-tu qu'on cherche ensemble une autre façon d’y arriver ?" plutôt que "Allez, ce n'est pas si compliqué, fais un effort".

Cette validation de l'effort plutôt que du résultat change profondément le rapport de l'enfant à l'apprentissage. Il comprend progressivement que sa valeur ne dépend pas de sa réussite immédiate mais de son engagement dans le processus.

Partager ses propres vulnérabilités

L'un des outils les plus puissants à disposition des parents est le partage de leurs propres difficultés. Raconter qu’on a pu avoir des difficultés pour apprendre à conduire, comment on a échoué à un examen important, comment on peine encore aujourd'hui avec certaines tâches professionnelles... Ces confidences dédramatisent l'échec et normalisent la difficulté.

L'enfant réalise ainsi que ses parents, ces figures qu'il perçoit comme parfaites, ont eux aussi connu l'échec et la frustration. Cette découverte est libératrice. Elle lui permet de comprendre que la difficulté n'est pas le signe d'une incompétence personnelle mais une étape normale de tout apprentissage.

Ces récits peuvent être particulièrement efficaces quand ils concernent des compétences que l'enfant voit aujourd'hui parfaitement maîtrisées chez ses parents. "Tu sais, quand j'ai appris à faire du vélo, je suis tombée au moins cent fois. Je pleurais tellement que je ne voulais plus jamais réessayer. Mais papi m'a aidé à remonter sur le vélo, et aujourd'hui regarde, j’en fais tous les week-ends !"

Célébrer l'erreur comme outil d'apprentissage

Transformer le rapport à l'erreur constitue un pivot essentiel. L'erreur ne doit plus être vécue comme une catastrophe mais comme une information précieuse. "Ah, cette méthode ne fonctionne pas, essayons autrement !"

Cette approche peut se concrétiser par des rituels familiaux. Certaines familles instaurent par exemple un "moment des erreurs du jour" où chacun, parents inclus, partage une erreur commise dans la journée et ce qu'elle lui a appris. Cette pratique normalise complètement l'erreur et en fait même quelque chose de positif à partager.

Respecter les affinités naturelles

Forcer un enfant à persévérer dans une activité qu'il déteste profondément risque de créer l'effet inverse de celui recherché. Il associera effort et souffrance, persévérance et contrainte. À l'inverse, laisser l'enfant se concentrer sur les domaines qui le passionnent naturellement lui permet de développer sa capacité de persévérance dans un contexte positif.

Un enfant qui adore construire des cabanes passera des heures à perfectionner sa technique, à recommencer quand une structure s'effondre, à chercher des solutions créatives. Cette persévérance spontanée développe les circuits neuronaux et les habitudes mentales qui pourront ensuite être transférés à d'autres domaines.

Une fois cette capacité de persévérance solidement établie dans un domaine de prédilection, on peut progressivement encourager son extension vers des activités moins naturelles pour lui. L'enfant qui a appris que l’effort et le plaisir peuvent coexister sera plus disposé à fournir des efforts dans des domaines moins gratifiants.

Créer des situations de réussite

Organiser des moments où l'enfant se retrouve en position d'aider des plus jeunes peut transformer sa perception de ses propres compétences. Face à un enfant de trois ans qui peine à faire un puzzle, votre enfant de sept ans découvre soudain qu'il possède des compétences, qu'il peut transmettre, qu'il est capable.

Ces situations peuvent être formelles, comme l’aide aux devoirs d'un petit frère, ou informelles, comme jouer avec les enfants des amis. L'essentiel est que l'enfant se retrouve valorisé pour ses capacités plutôt que pointé pour ses manques. Cette inversion de perspective peut être un vrai booster de confiance en soi.

Fractionner les défis

Face à une tâche qui semble insurmontable, apprendre à la découper en étapes plus petites constitue une compétence fondamentale. "Range ta chambre" peut paralyser un enfant. "Commence par mettre tous les vêtements dans le panier" est infiniment plus accessible.

Cette technique de fractionnement peut devenir un jeu. "Voyons voir combien de morceaux de puzzle tu peux placer avant la fin de cette chanson" transforme une tâche potentiellement frustrante en défi ludique et temporellement limité.

Célébrer chaque petite étape franchie renforce la motivation et construit progressivement la confiance en sa capacité de mener un projet jusqu'au bout. L'enfant apprend ainsi qu'un objectif lointain devient accessible quand on le décompose en petits pas.

Introduire le jeu coopératif

Les jeux où l'on gagne ou perd ensemble enseignent une leçon précieuse : l'échec n'est pas une honte personnelle et le succès est plus doux quand il est partagé. Ces jeux développent également la tolérance à la frustration dans un cadre moins menaçant puisque la responsabilité est diluée.

Progressivement, on peut introduire des jeux compétitifs mais en mettant l'accent sur le plaisir du jeu plutôt que sur le résultat final. "C'était amusant de jouer ensemble" devient plus important que "Bravo, tu as gagné". Apprendre à perdre avec fair-play, à féliciter le vainqueur, à reconnaître ses propres erreurs sans s'effondrer... autant de compétences sociales et émotionnelles essentielles.

Conclusion

Cultiver la persévérance chez un enfant ne se fait pas en un jour, et pas à coups d'injonctions ou de punitions. C'est un processus lent, fait d'avancées et de reculs, qui nécessite patience, bienveillance et ajustements constants de la part des parents. L'objectif n'est pas de transformer nos enfants en machines infatigables qui ne ressentent jamais la frustration, mais bien de leur donner les outils émotionnels et cognitifs pour traverser les difficultés sans se laisser submerger.

Chez O2, nos nounous sont formées à accompagner les enfants dans leurs apprentissages avec cette même philosophie. Elles savent valoriser les efforts, encourager sans pression, proposer des défis adaptés au niveau de chaque enfant et surtout, rester présentes et bienveillantes dans les moments de découragement. Leur regard extérieur peut parfois débloquer des situations où les tensions familiales ont cristallisé.

Car au-delà de la persévérance elle-même, c'est tout un rapport au monde que nous construisons : la conviction qu'on peut progresser, que l'effort a du sens, que l'échec n'est pas une finalité mais un tremplin. Ces croyances, solidement ancrées dans l'enfance, forgeront des adultes résilients, capables d'affronter les inévitables tempêtes de l'existence sans perdre confiance en eux ni en la vie.

Article rédigé par Marianne Bertrel,
Accompagnante Parentale, spécialisée en sommeil, diversification alimentaire, allaitement et continence

Chaque besoin
est unique !
Laissez-vous guider,
O2
vous accompagne

Sur la même thématique

Publié le 31 octobre 2025

3 minutes de lecture


Publié le 31 octobre 2025

3 minutes de lecture


Publié le 31 octobre 2025

4 minutes de lecture