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Les conflits dans la fratrie : quand se quereller aide à grandir

Publié le 21 février 2024

8 minutes de lecture

Les conflits dans la fratrie : quand se quereller aide à grandir

Paul a mangé toutes les céréales que Léa adore, Léa a eu le gros ballon qui rebondit alors que Paul a eu le petit dégonflé, Paul a bousculé Léa en mettant ses chaussures…autant de situations quotidiennes que de disputes possibles ! Vous avez la sensation que vos enfants s’adorent autant qu’ils se détestent et il leur arrive même d’en venir aux mains ? De votre côté, vous avez l’impression de passer votre temps à faire le gendarme ?

Pas de panique, vous vivez ce que vit la grande majorité des parents ! Si ces querelles sont parfois impressionnantes verbalement ou physiquement, elles représentent aussi une étape importante dans leur processus de développement et d’individuation.

Avant d’accepter ces situations qui peuvent arriver à tout âge, il faut d’abord en comprendre la cause :

1- Zoom sur l’enfant : ce qui déclenche les conflits

Qu’ils soient préscolaires, scolaires ou adolescents, vos enfants passent par de fortes phases d’affirmation d’eux-mêmes (la plus connue étant celle des 2 ans, mais il en existe en réalité tout au long de la vie ! ). Nos enfants ont besoin de prouver qu’ils existent en tant qu’individu, et finiront donc sûrement par s’opposer pour prouver qu’ils savent faire par eux-mêmes.

En tant que frère et soeur, ils seront souvent comparés aux autres membres de la fratrie vivant sous le même toit. Ils peuvent tantôt s’adorer, tantôt se jalouser. Il leur faut aussi apprendre à partager l’amour parental et gérer les divergences de points de vue : frères et sœurs mais pas identiques ! Autant de challenges à relever pour des enfants dont la maturité cérébrale est encore fragile.

 

En résumé, les conflits peuvent être déclenchés par :

• La cause numéro 1, l’immaturité cérébrale
Avant l’âge de 25 ans, le cerveau n’est pas totalement mature. Vos enfants n’auront aucun moyen d’agir dessus, c’est tout simplement physiologique ! Imaginez simplement vous acharner à appuyer sur l’interrupteur encore et encore quand il n’y a pas de courant au disjoncteur…rien ne se produira malgré vos efforts. Le processus de maturation du cerveau et notamment du cortex préfrontal (siège du comportement social, cognitif et émotionnel) étant extrêmement long, il oblige les enfants - surtout avant l’âge de 6/7 ans - à user de subterfuges (les pleurs, les cris, la violence ou encore le mensonge); ils n’ont pas encore de filtre et ne pourront pas « tourner 7 fois leur langue dans leur bouche avant de parler (ou d’agir)».
 

Les modes de communication différents de nos enfants
Petits et grands n’ont pas les mêmes codes pour communiquer; là où les grands vont être dotés de la parole, les petits n’auront que les pleurs et les cris. Ajoutez à cela le développement moteur qui n'est pas toujours au même niveau de maturité : un jeune enfant pourrait avoir des gestes brusques et involontaires, qui pourraient apeurer ou blesser son frère/sa sœur.

Imaginez-vous vivre sous le même toit qu’un étranger : difficile de communiquer ou de s’entendre quand on ne parle pas du tout la même langue ! Le manque de compréhension peut générer beaucoup de frustration d’un côté comme de l’autre.

 

Les codes sociaux pas encore bien intégrés
Selon leur âge, notamment chez les 0-6 ans, toutes les convenances sociales ne sont pas encore intégrées. En rapport avec le « sans filtre », ils iront aussi plus vite à la confrontation et auront moins peur de blesser ou décevoir. Ils se soucieront moins de l’image qu’ils renvoient s’ils frappent, crient, pleurent et ce même en public.

 

Le processus d’individuation
Ou l’affirmation de soi : « j’existe en tant que personne à part entière, indépendamment de mon frère/ma sœur et de mes parents, j’ai mes propres idées, goûts etc ».
 

Les divergences d’envies ou d’opinions :
L’un veut être seul quand l’autre veut jouer, pas envie de jouer au même jeu au même moment, l’un aime ce jeu, l’autre pas… c’est une négociation permanente !
 

Le rôle central de l’adulte :
Il joue un rôle central dans les relations au sein de la fratrie. La relation frère/sœur dépend avant tout de la relation adulte/enfant. Le parent peut, sans s’en apercevoir ni le vouloir, comparer ses enfants « La chambre de ton frère est bien rangée au moins, lui ne met pas le bazar comme ça ! » ou les traiter différemment de manière trop répétée (beaucoup de sorties, jeux avec l’un et pas l’autre) ce qui peut générer de la jalousie entre frère et sœur et un sentiment de rivalité.

 

2- Zoom sur le parent : Prévenir et réagir aux conflits

Un point important à rappeler : les conflits interpersonnels ne sont pas rares, ils sont même extrêmement courants et il nous suffit de nous pencher sur la relation de couple pour le réaliser immédiatement ! Quel adulte n’est jamais rentré épuisé de sa journée, avec pour seule envie d’être dans le calme, quand son conjoint a décidé de mettre le son de la télé à fond ? Agaçant n’est-ce pas ? Aussi petits soient les déclencheurs, lorsque nous ne sommes pas prêts à les recevoir, le conflit peut éclater !

Nos enfants ont, eux aussi, des besoins (tranquillité, repos, reconnaissance, etc…) qui ne leur permettent pas forcément d’être pleinement disponibles pour accueillir les sollicitations de leur frère/sœur. En tant que parent, il est possible d’agir de deux manières : anticiper les conflits ou les « arbitrer ».

Voici comment :

Anticiper
Beaucoup de décisions se prennent sans les enfants et ils les subissent de plein fouet. Autant éviter des conflits de fratrie liés à une insécurité (lorsque cela est possible). Dans certains cas, comme dans celui de l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur, vous pourrez engager le dialogue à l’avance afin de préparer vos enfants à ces chamboulements. Il sera possible d’expliquer à l’enfant en des termes simples et factuels sans anticiper sa réaction : «Papa et moi voulions un autre enfant et ça y est, j’ai un bébé dans le ventre, et dans quelques mois il sera dans nos bras; tu pourras même passer du temps avec lui !» À l'inverse, évitez les « n’aie pas peur », « ça va bien se passer » etc. qui sont plus chargés d’appréhension que de positivité. Cela est également vrai dans le cas d’une séparation, d’un déménagement, même d’un simple changement d’habitudes ou de repère (passage au lit au sol par exemple).

 

• La clé, identifier le besoin
Lorsqu’on sait ce qui déclenche le conflit, on est plus à même de montrer de l’empathie et proposer son aide. « Qu’est-ce qui a fait déraper la situation ? », « quel était le besoin non satisfait de mon enfant à cet instant précis ? ». Une fois que l’on comprend la source, on peut énoncer à haute voix « Margaux, tu étais très fatiguée et avait besoin de calme et Sasha est venue chanter dans ta chambre ce qui t’a mise en colère, c’est ça ? ». Le simple fait de l’entendre va permettre à notre enfant de se sentir compris et soutenu.
 

Proposer une alternative acceptable
Vous pourrez ensuite offrir une solution (et à force d’entraînement, proposer à vos enfants d’en trouver une par eux-mêmes): « Sasha, Margaux a besoin de se reposer et toi de chanter, peut-être peux-tu chanter dans le salon plutôt que dans sa chambre et Margaux t’ouvrira la porte dès qu’elle sera prête à t’accueillir, d’accord ? ». Ainsi, les deux partis ayant donné leur accord et se sentant maintenant entendus, il est possible de passer à autre chose. Ne pas oublier que dans le cas d’un conflit de fratrie, les deux enfants ont besoin d’être entendus, même le « fauteur de trouble » qui a, lui aussi, un besoin inassouvi.

Dans certains cas, nous intervenons trop tard ou n’avons pas la patience de le faire (ça arrive et c’est ok !), le ton monte et il ne reste plus qu’une chose à faire :

 

Aider nos enfants à se calmer
Dans ce cas, il pourra être nécessaire de les séparer, leur proposer des techniques comme la respiration avec la main (technique de sophrologie sur la main où l’on inspire en montant le long d’un doigt et on expire en descendant), proposer des cartes à émotions pour nommer ce qui nous traverse, suggérer de passer un moment en musique ou avec doudou…et bien sûr offrir un câlin à notre enfant. Le meilleur des remèdes quel que soit son âge !
 

« Arbitrer » …mais pas toujours
Parfois, ils auront besoin de résoudre leurs conflits par eux-mêmes. Mieux vaut leur donner des clés de communication et outils à utiliser plutôt que de s’interposer sans cesse, sans quoi ils risquent de se reposer sur votre intervention systématique. En les laissant essayer, vous aidez leur cerveau à devenir plus mature !
 

Essayer de traiter les enfants de manière égale
L’un des deux vous ressemble plus ? Vous avez les mêmes centres d’intérêts et une meilleure connexion ? Essayez malgré tout, autant que possible d’accorder le même temps à tous. Vous pouvez même leur faire découvrir vos passions ! Vous aimez jardiner ? C’est une activité familiale ! Plus vous passerez de temps de qualité à renforcer le lien avec les uns et les autres séparément et individuellement, plus vous garantirez l’équilibre dans leurs relations.
 

Différencier égalité et équité
Parce qu’il n’est pas toujours nécessaire de donner strictement la même chose à tous au sein de la fratrie et que cela peut même générer des conflits; il sera préférable de privilégier l’équité. Cette image parle d’elle-même !

Et surtout, souvenez-vous que personne n’est parfait; nous faisons tous de notre mieux pour accompagner nos enfants et c’est exactement ce dont ils ont besoin ! Nous leur montrons avant tout l’exemple des relations humaines par nos relations avec autrui (au sein du foyer et à l’extérieur). Amour et patience seront les meilleures clés pour passer cette étape de leur construction.

3- Pour aller plus loin sur le sujet

 

 

Retrouvez le résumé de cet article en cliquant sur l’image :

 

Article rédigé par Elodie Luna, coach parental

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