La motricité libre n’est pas réservée qu’aux tout-petits !

Le développement des enfants passe principalement par le mouvement. La pédiatre Emmi Pikler a développé le concept de motricité libre dans les années 60 pour les tout-petits. Aude Buil, psychomotricienne et docteure en psychologie du développement spécialisée dans la petite enfance depuis 20 ans, chercheure et formatrice, développe les bienfaits de cette approche et vous donne quelques conseils pour l’appliquer plus largement avec vos enfants de 0 à 8 ans !

Prenez du plaisir à bouger au quotidien

La motricité libre n’est autre que le fait de laisser l’enfant développer ses capacités motrices à son rythme, sans intervention extérieure. Pour les plus petits, il peut s’agir de laisser le bébé au sol sur un tapis ou dans son bain sous surveillance mais sans assise. « Les youppalas, les transats et les cosys sont à utiliser de manière ponctuelle, car la découverte au sol est plus que bénéfique » conseille Aude Buil. Mais l’importance de la motricité ne s’arrête pas aux tout-petits, elle dure toute la vie. Favoriser la motricité des enfants après 3 ans est fondamental pour donner le goût du mouvement. Rien de plus simple car la chercheuse conseille de profiter de tous les gestes du quotidien, « s'habiller, se déshabiller, jouer, faire des roulades, prendre le bain. Finalement, ces temps du quotidien sont des temps de motricité en soi ». Le mot d’ordre selon la psychomotricienne : le plaisir ! « Il faut prendre du plaisir à bouger avec les enfants ». On peut faire de ces rituels quotidiens des petits jeux de rapidité par exemple ; qui arrivera à mettre son pull le plus rapidement possible ?

Pour les parents qui manquent de temps, la psychomotricienne propose la technique du 3 x 10 minutes pour pratiquer des activités avec son enfant de manière fractionnée. Plus facile à mettre en place que de trouver 30 minutes dans les journées bien remplies ! Jouer au sol, faire une cabane, construire un parcours, toutes les idées sont bonnes pour développer ses capacités physiques et cognitives ! En effet, la psychomotricienne rappelle que « la motricité a un impact positif sur les fonctions sensorielles, langagières et cognitives à tous les âges et favorise la concentration ! ».

Libérez les mouvements à la maison

Pour Aude Buil, les enfants se construisent psychologiquement par le mouvement, « chez les plus jeunes, le cerveau est en train de se construire et les mouvements créent tout un tas de connexions entre les différentes aires de notre cerveau ». Pour stimuler le cerveau et les muscles des enfants, vous pouvez profiter de tout le mobilier de la maison pour bouger. Utilisez le canapé pour leur apprendre à grimper, construisez un toboggan avec le matelas du lit pour les faire glisser ou encore alignez les chaises de la cuisine pour ramper à travers un tunnel imaginaire.

Aude Buil rappelle qu’à l’intérieur, « le plus important est de sécuriser l’espace et de le rendre praticable ». Pour que chacun soit serein lors des explorations motrices de vos bambins, protégez vos décorations qui risquent de se casser et privilégiez un mobilier adapté comme des tables à bout rond ou des protèges-coins. En cuisine, montrez les endroits dangereux, comme le four, et profitez d’un moment de tranquillité pour expérimenter avec eux la motricité fine – utilisant les petits muscles des doigts et des mains - en préparant un bon petit plat par exemple.

Explorez les sensations à travers le monde extérieur

Les activités extérieures sont une aubaine pour laisser les enfants développer leur motricité librement. « En plus de favoriser leur vision de loin, la découverte de l’extérieur réduit les risques de myopie et le temps de sédentarité passé devant les écrans. » rappelle Aude Buil. Le fait de voir les objets en trois dimensions permet de développer considérablement les capacités cognitives et les capacités en géométrie des enfants. Tous les instants passés à bouger sont bénéfiques au développement moteur, psychoaffectif et cognitif des enfants. C’est une culture du mouvement que les enfants peuvent acquérir très tôt ! Cela sera nettement plus efficace si cela se fait dans le plaisir partagé en famille.

En plus des activités spécifiques comme la pratique d’un sport, les sorties au parc, sur différents terrains (herbe, cailloux, sols mous), ou simplement profiter du trajet des courses ou de la boulangerie pour en faire un parcours moteur pour sauter à cloche pied, marcher sur une ligne ou à reculons. Pas besoin de grandes aventures, les enfants s’émerveillent de tout !

Pour les plus grands, la psychomotricienne propose « une chasse au trésor et « dessine-moi ce que tu vois » qui sont des jeux permettant de travailler la coordination entre l’espace graphique et les espaces (jardins, parcs …etc) en trois dimensions ».

Encourager le mouvement libre des enfants est fondamental pour leur développement. Pour les enfants qui ont des difficultés de concentration et pour tous les autres, laissez-les courir, sauter, se dépenser lorsque vous sentez qu’ils se déconcentrent, ils seront plus à même de reprendre l’activité dans le calme.