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Pourquoi pratiquer l'écoute active avec votre enfant

Publié le 27 octobre 2023

5 minutes de lecture

Pourquoi pratiquer l'écoute active avec votre enfant

A la question “que signifie communiquer ?”, bien des gens verront le fait de parler. Néanmoins si tout le monde parle et personne ne s’écoute, cela limitera grandement la communication. Et puis il n’est pas nécessaire de parler pour communiquer quelque chose à l’autre. On pensera à la langue des signes, mais c’est bien plus large que cela. Un silence communique quelque chose dont le sens prendra forme selon le contexte : mépris, non reconnaissance, ou peur et indécision, ou bien d’autres significations encore.

On ne communique pas seulement par les mots, loin s’en faut. L'intonation dit beaucoup plus de choses sur notre intention que les mots eux-mêmes. Le paraverbal est donc important mais aussi le langage du corps, la proxémie. Bref, il est impossible de ne pas communiquer ! Même refuser de répondre à une interjection transmet un message (par exemple “je ne te reconnais pas comme un interlocuteur légitime”).

De la même manière que l’on communique un message bien au-delà des mots employés, écouter ne consiste pas seulement à réceptionner et traiter des suites de mots. On écoute avec ses oreilles mais pas que. Véritablement la réception des informations se fait via tous nos sens, la vue bien sûr, mais aussi une infinie de signes captés plus inconsciemment via l’odorat, le toucher… Cet ensemble de signes et signaux que nous réceptionnons sont loin d’être clairs et univoques. Ils peuvent être incohérents, voire contradictoires entre eux.

 

Comme il est compliqué de bien communiquer !

Alors même que la communication est essentielle à notre survie, en tant qu’êtres sociaux dépendants les uns des autres. Alors même que nous avons développé pour ce faire un système de langage hyper sophistiqué. Nous sommes souvent incapables de communiquer clairement, sans anicroche ni contresens.

Entre ce que l’on veut dire, ce que l’on dit et exprime réellement et finalement ce qui est compris, il y a un grand espace ! L’espace du non-dit, de l’interprétation, de la confusion et des malentendus !

Et si on commençait par essayer de s’écouter, s’écouter vraiment !

L’écoute active

L’écoute active est à l’origine une technique d’accompagnement en psychothérapie. Elle a été développée par Carl Rogers au milieu du 20ème siècle dans le cadre de son Approche Centrée sur la Personne. Depuis elle s’est diffusée un peu partout, y compris dans l’enseignement et l’éducation. La théorie de son auteur vous intéresse probablement peu si vous recherchez des clés sur “comment communiquer avec mon enfant”. Pour autant, il me semble important de comprendre le concept de base si l’on veut ensuite essayer de mettre en pratique des techniques d’écoute active. Pour Rogers, tous les organismes vivants tendent naturellement vers la croissance. Il est donc convaincu que tout un chacun peut se développer et changer d’attitude vis-à-vis de lui-même, comme de son environnement, dès lors qu’il dispose d’un climat social favorable. Ce climat va être rendu possible par une disposition d’écoute particulière de son interlocuteur. Trois postures clés facilitent ainsi le développement personnel.

Premièrement, l’écoutant doit éviter d’adopter une posture condescendante de celui qui sait mieux que la personne concernée ce dont elle a besoin et ce qu’elle doit faire.

Cela peut paraître contradictoire avec le rôle éducatif et protecteur du parent. Il ne s’agit pourtant pas de laisser faire l’enfant, mais plutôt de résister à vouloir endosser le rôle de sauveur tout puissant, en apprenant à son enfant à chercher les ressources en lui et à se faire confiance. Cette posture invite le parent à guider l’enfant sans faire à sa place, et par là-même, à accepter que sa réponse ne soit pas celle qu’il aurait privilégiée. Tant que cela ne pose pas de risques particuliers, une réponse imparfaite vaut mieux qu’une réponse impersonnelle.

Deuxièmement, l’écoutant doit essayer d’accueillir ce que dit son proche comme quelque chose qui a de la valeur - même si cela contrevient à plusieurs de ces principes.

Il ne s’agit d’accepter ou de dire amen au discours reçu, mais de ne pas bloquer le cheminement psychologique de son interlocuteur en le laissant évoluer vers d’autres formes de compréhension.

Imaginons par exemple que votre enfant quitte la table en criant que de toute façon son grand frère est le chouchou et qu’il compte pour du beurre. Entamer un échange en tentant d’expliquer que ce n’est pas vrai, que vous les aimez aussi fort tous les deux, revient finalement à nier ses sentiments. Or un sentiment n’est ni juste, ni faux, il est ressenti. Le rejeter ferme d’emblée toute tentative de verbalisation et de compréhension.

La troisième posture de l’écoute active est justement d’essayer de ressentir les sentiments et le vécu de son enfant, en posant des questions précises qui lui permettent de développer son récit. Le silence aussi est important. Il permet à votre enfant de réfléchir et l’encourage aussi à développer son point de vue. Favoriser la parole de son enfant pour essayer de bien comprendre ce qui se joue lui permet aussi de prendre de la distance avec son ressenti immédiat. Dans l’écoute active, il est également très important de communiquer à l’autre notre compréhension de ce qu’il nous dit. La reformulation est donc clé, non seulement pour s’assurer qu’on a bien compris, mais aussi pour lui témoigner notre attention.

Si l’on reprend le précédent exemple de votre enfant qui quitte la table avec colère. Vous le rejoigniez dans sa chambre quand il vous dit :

  • De toute manière, c’est toujours pareil, y’en a que pour Noé. Quand je dis un truc, vous m’envoyez bouler !

  • Tu as l’impression qu’on s’intéresse moins à toi ?

  • C’est toujours comme ça, c’est le petit chouchou de maman et papa !!

  • Je ne t’ai pas écouté, c’est ça ? Je suis désolée, je t’écoute maintenant, y’a quelque chose que tu voulais dire ?

  • Mais non, ce n’est pas ça, mais à chaque fois, c’est comme si je n'existais pas, vous parlez que de Noé, Noé ceci, Noé cela…

  • Je comprends que ça te mette en colère. On le fait souvent avec papa de parler que de Noé comme ça ?

  • Oui j’en ai marre !

  • [Silence]

  • Je suis pas un nul hein !

  • Tu as l’impression d’être nul ?

  • Non mais y’a un gars qui s’est foutu de moi en cours de sport et le prof a rigolé…

Trop vite, la première réaction en tant que parent, cela va être de relativiser, d’argumenter, ou au contraire d’aller trop vite trop loin dans l’analyse. Dans ce genre de situation, on peut vouloir aussi rassurer ou compenser immédiatement le sentiment d’injustice de notre enfant. Mais il se peut que ce soit pour lui une manière de lancer une perche. Ou bien une manière d’exprimer un sentiment d’humiliation ressenti ailleurs mais difficilement exprimable, comme le symptôme exprime et cache en même temps le mal qui nous ronge. D’où l’importance de prendre le temps d’accueillir et d’accompagner la parole de son enfant sans fermer l’échange.

Véronique Cayado, Docteure en psychologie, Ingénieure de recherche à l’Institut Oui Care

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