Prévenir et agir contre la perte auditive

La presbyacousie est la perte auditive qui se produit avec l’avancée en âge. Elle concerne environ 40 % de la population à partir de 60 ans, et presque une personne sur deux dès 80 ans, selon l’OMS. Fondée en 1996 par l’association JNA, la journée nationale de l’audition tend à sensibiliser sur l’importance du dépistage et l’orientation médicale, en apportant des informations à travers des rencontres et des évènements. Porte-parole de cette journée, Sébastien Leroy nous apporte son éclairage sur la perte auditive.

Quel est l’objectif de la journée nationale de l’audition ?

Sébastien Leroy : La journée a pour vocation d’apporter de l’information, de proposer des dépistages, en vue de repérage et d’une orientation médicale ciblée. Selon notre baromètre, un Français sur deux n’a jamais fait de bilan complet ORL durant son parcours de soin. Le dépistage ne fait toujours pas partie du contrôle général de santé comme pour le visuel ou le dentaire. L’association JNA milite pour l’intégration généralisée et systématisée du contrôle de l’appareil auditif. La JNA mène des actions pour sensibiliser les professionnels et les particuliers sur le sujet.

Quelles sont les principales causes de déficience auditive chez les seniors ?

S.L : La principale cause de déficience auditive chez le senior reste la presbyacousie qui touche de nombreuses personnes en fonction des prédispositions génétiques. À partir de 20 ans, les cellules commencent à s’user et cette usure devient significative dès 60 ans. Des études ont démontré que cette atteinte n’était pas une fatalité et que sa prise en charge est essentielle contre le vieillissement du cerveau, la dépression ou les risques de chutes. Il est fondamental de permettre au cerveau d’être stimulé grâce à l’ouïe. Des prédispositions génétiques peuvent se déclencher plus rapidement en cas d’expositions sonores non protégées et prolongées dans le cadre du travail ou des consommations de musique sans protection et sans modération. La prise de médicaments ototoxiques, qui endommagent les oreilles comme la streptomycine ou la tobramycine , peut également être en cause dans la perte auditive.

Comment prévenir la perte auditive ?

S.L : En dehors des pathologies particulières, nous sommes dotés d’environ 15 000 cellules auditives sensorielles à la naissance. Ce capital auditif peut être préservé, mais les scientifiques ne sont pour le moment pas en capacité de recréer les cellules et celles-ci ne s’autogénèrent pas. Les solutions auditives ne remplacent pas ces cellules, mais s’appuient sur les restantes, d’où l’importance de préserver à tout prix le capital résiduel. Lors de travaux manuels avec du matériel bruyant comme une perceuse ou une tondeuse, il faut impérativement porter des bouchons d’oreilles ou un casque anti-bruit. L’écoute de musique avec des écouteurs doit être modérée et le son doit être réduit. Protéger les oreilles est fondamental pour préserver ses 3 fonctions : la communication, la fonction d’alerte reliée à la notion d’instinct de survie et les émotions. Les difficultés liées à la perte d’audition entraînent parfois des complications dans les échanges et une frustration. Le dépistage permet de mettre en lumière ces troubles et d’apporter des solutions adaptées.

En quoi consiste le dépistage auditif ?

S.L : Le dépistage auditif a lieu à la suite du parcours de santé classique. Les gènes au quotidien ou les difficultés dans les échanges verbaux doivent être signalés auprès du médecin traitant. Ce dernier va alors prescrire une consultation chez l’ORL, habilité à faire les examens cliniques nécessaires. Le spécialiste décide ensuite de mener une anamnèse*, puis une otoscopie*. Il vérifie l’état du tympan et peut pratiquer une audiométrie tonale - perception des fréquences dans les oreilles. Il pourra également mener une audiométrie vocale dans le bruit, en faisant reconnaître au patient des mots au travers de sons environnants, pour le mettre en situation réelle. Lors de la consultation, il est important de décrire la gêne ressentie au quotidien, les difficultés de compréhension de la parole mais aussi les sifflements, les bourdonnements ou autres acouphènes.

Quelles sont les solutions qui existent face à la perte auditive ?

S. L : En fonction du diagnostic posé lors du bilan, le médecin ORL peut être amené à prescrire le port d’audioprothèses. Elles sont à récupérer auprès d’un professionnel audioprothésiste à l’aide d’une ordonnance. Cet appareillage compense la perte auditive en aidant à maintenir la compréhension de la parole dans les situations de vie. Ce dispositif permet d’inscrire les patients dans une continuité, et non pas dans une rupture avec les habitudes d’avant prothèse. L’orthophonie peut être utile en complémentarité de l’aide auditive pour les difficultés de langage qui en découle. L’audioprothèse possède des canaux de réglages différents afin d’adapter l’appareil aux besoins des personnes. Les appareils de la classe 1 font partie du 100 % santé, ils sont remboursés et sont d’une grande qualité. C’est une aide technologique personnalisée et individuelle !

L’association JNA participe à l’amélioration de la qualité de vie des personnes malentendantes en développant des serious game, des jeux et des mises en situation afin de faciliter les échanges. Retrouvez tous les évènements et les actions menées autour de la santé auditive sur le site de la journée de l’audition.

Les assistant.e.s de vie O2 sont expérimenté.e.s et formé.e.s pour repérer une déficience auditive et feront le nécessaire pour remonter l’information en agence.
 

*Anamnèse : échange oral au sujet des antécédents médicaux du patient ainsi que des troubles ressentis avec le professionnel.

*Otoscopie : examen permettant de visualiser le conduit auditif externe et le tympan.