Retour Tout savoir sur l'effet Pygmalion

Ils nous inspirent

Ces adultes qui ont porté sur vous un regard bienveillant et plein de possibles

Publié le 27 octobre 2023

6 minutes de lecture

Ces adultes qui ont porté sur vous un regard bienveillant et plein de possibles

Qui n’a pas gardé de son enfance un sentiment douloureux ou une colère enfouie à l’égard d’un adulte, enseignant, parent, moniteur de sport ou bien d’autres encore, parce que dans ses yeux et ses mots d’adulte, il vous considérait négativement ? Sous prétexte que votre langue fourchait, il en déduisait que votre esprit aussi. Ou parce que vous ne saviez pas taper dans un ballon, il ne voyait pas combien vous en aviez envie.

Ce sentiment que celui qui compte, ce n’est pas VOUS. Cette façon d’être avec vous si différemment d’avec les autres comme si vous n’aviez pas de valeur, pas les aptitudes requises, pas le potentiel pour… Ces projections négatives - surtout quand elles partent d’un adulte qui compte à nos yeux d’enfant ou d’adolescent - on les trimballe généralement des années et des années après comme une blessure. Et c’en est une, une blessure invisible, mais qui n’en n’est pas moins dangereuse que celle qui laisse une trace dans la chair.

Ces blessures de l’ego, ces blessures narcissiques, peuvent aussi conduire à des revanches sur l’existence, des formes de résilience où l'on inverse le sort. Cependant, même chez ceux qui ont réussi à prouver qu’ils n’étaient pas ce qu’on disait d’eux, la blessure ne disparaît jamais. Souvent aussi, ces projections négatives, on ne parvient pas à s’en défaire, à inverser le sort, et elles fabriquent brique après brique le début de chemin de notre vie d’adulte, fermant d’emblée des portes qui ne pourront plus s’ouvrir ou très difficilement.

 

L’effet Pygmalion

Si on parlait plutôt de ces adultes qui ont porté sur vous un regard bienveillant et plein de possibles ? Pas de ces aspirations qui obligent, mais bien celles qui ouvrent les possibles, celles qui donnent confiance et qui permettent de construire un sentiment de valeur et de compétence.

En psychologie, ce phénomène est connu sous le nom d’effet Pygmalion ou prophétie autoréalisatrice. Deux chercheurs, Rosenthal et Jacobson, ont mené une expérience auprès d’enfants scolarisés et leurs enseignants à la fin des années 1960, une expérience dont les résultats font toujours référence en pédagogie.

Sous le prétexte d’étudier les niveaux intellectuels des élèves, ils leur font passer des tests cognitifs. Les chercheurs font ensuite croire aux enseignants que certains élèves présentent des capacités intellectuelles supérieures. En réalité, la désignation se fait de manière complètement aléatoire. Ce qui compte ici est que les enseignants le croient.

Plusieurs semaines après, les chercheurs reviennent faire passer le même test aux enfants. Ils constatent alors que les performances des élèves, pour lesquels ils avaient dit aux enseignants qu’ils présentaient des capacités supérieures, avaient significativement augmenté par rapport aux autres élèves. C’est cela l’effet Pygmalion : le fait qu’un autrui significatif - ici l’enseignant - porte sur l’enfant des attentes positives en termes de réussite scolaire se traduit chez lui par une amélioration effective de ses résultats scolaires.

 

Comment cela est-il possible ?

Les attentes positives de l'enseignant vont induire chez lui des comportements et une manière particulière de communiquer avec l’enfant. A travers plein de petits signes verbaux et non verbaux, l’enseignant va inconsciemment stimuler davantage l’enfant, éveiller son intérêt, l'encourager, tout en lui renvoyant une image positive de lui-même, renforçant ainsi son sentiment de compétence. Ces modes d’interaction avec l’enfant constituent finalement les ingrédients de sa réussite.

Quelles implications quand on est parent ?

Cette étude est riche d’enseignements. Déjà parce qu’elle rappelle que nous existons d’abord dans le regard des autres. Si on nous regarde négativement, comment construire une image positive de nous-même ? Comment avoir la confiance en soi nécessaire pour affronter les épreuves de la vie ?

L’étude montre, ensuite, que la manière de regarder et de considérer un enfant peut avoir une influence aussi importante sur ses comportements que ses propres aptitudes.

Dans la légende grecque qui donne son nom à l’effet Pygmalion, un sculpteur s’était épris d’amour pour une de ces sculptures qui se tranforma en femme en chair et en os sous l’effet d’un baiser et de l’intervention divine d’Aphrodite. Le pouvoir de la volonté avec l’aide d’une figure d’autorité ! Ce que nous dit l’effet Pygmalion, nous le savons tous plus ou moins intuitivement : si l’on aborde un match ou un examen en se disant que c’est perdu d’avance parce qu’on n’est pas à la hauteur, la réussite sera rarement au rendez-vous. Le sentiment de confiance en ses capacités à réussir une action, à acquérir une nouvelle compétence ou à surmonter l’épreuve, est un facteur majeur de réussite.
 

Survaloriser : un écueil ?

 

Est-ce à dire que si je valorise tout ce que fait ou dit mon enfant, je l’assurerai de développer les capacités les plus hautes ? Rien n’est moins sûr.

Entendre inlassablement et quel qu’en soit l’objet, “tu es le meilleur”, “c’est super ce que tu as fait”, ce n’est pas pas vraiment une projection positive. Ce serait plutôt une injonction à la réussite. Certes les mots utilisés sont positifs, mais des mots répondent toujours à une intention, une intention palpable au-delà des mots. L’enfant perçoit cette attente de réussite et cela est loin d’être confortable. Il est pris entre le désir de ne pas décevoir, la peur de l’échec, et le sentiment que pour être aimable il doit tenir le cap fixé, un cap au combien intenable…

Aussi ce n’est pas tant ce qu’on dit que la manière dont on accueille l’enfant qui compte. Que celui-ci puisse évoluer dans un espace relationnel “secure”, où il se sent en confiance pour expérimenter et échouer, c’est finalement peut-être cela l’essentiel : lui faire confiance, le laisser échouer sans jamais lui enlever de la valeur.

 

Tu seras un homme mon fils !

Premiers pas, notes, performances physiques : cela ne vous aura pas échappé, nombre de parents vivent la réussite de leurs enfants par substitution comme un moyen de se valoriser eux-mêmes, ou comme des tentatives de réparer une injustice, de calmer une angoisse... En tant que parent, on projette tant de choses sur nos enfants, sans même en avoir conscience, qu’il est impossible d’en prendre la mesure.

  • Des schémas familiaux que l’on reproduit.

  • Des certitudes sur les atouts et les failles de notre enfant qui ne sont en fait que des projections de nous-même, de nos propres failles.

  • Sans parler des stéréotypes de genre qui orientent les choix d’activités, et donc les goûts et les aptitudes des enfants.

L’impact des stéréotypes de sexe

Le choix des jouets des enfants a une influence sur les métiers futurs parce qu’ils stimulent leur intérêt et leur potentiel dans un certain sens. Or, ces choix sont généralement très différenciés selon le sexe de l’enfant : on oriente davantage les filles à être dans l’attention et le prendre soin, et les garçons dans les tâches de construction et de réparation. On n’attend pas la même chose d’une petite fille et d’un petit garçon, et ces attentes passent par le choix des jouets. On sait aussi depuis longtemps que le sentiment de compétence des garçons en mathématiques est plus élevé lorsque les parents adhèrent au stéréotype de supériorité des garçons en mathématiques ; ou qu’en matière d’activités sportives, les parents ont tendance à offrir moins d’opportunités et d'encouragements aux filles. Nos croyances quant aux dispositions naturelles des filles et des garçons génèrent ainsi des attentes développementales différentes selon le sexe de l’enfant.

 

Comment se défaire de ces projections inconscientes pour le bien de ses enfants ? C’est compliqué, voire véritablement impossible. On ne peut que tendre vers cela en essayant autant que possible d’être dans une compréhension empathique de l’enfant.

Retrouvons-nous dans quelques jours sur notre blog pour partager les clés de l'écoute active !

Véronique Cayado, Docteure en psychologie, Ingénieure de recherche à l’Institut Oui Care

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