Enfant : Comment lui apprendre à respecter son intimité et celle des autres ?
Publié le 17 février 2025
7 minutes de lecture

Le respect de l'intimité et du consentement des enfants est un sujet qui préoccupe de plus en plus les parents. Que ce soit à la maison, dans les structures de garde ou en milieu scolaire, les adultes sont souvent confrontés à des situations où les limites de l’enfant peuvent être floues ou mal comprises. Comment, dès le plus jeune âge, leur transmettre les bons réflexes pour protéger leur espace personnel tout en évitant de créer des angoisses ? Cette question est d’autant plus complexe que les enfants réagissent différemment selon leur personnalité. Certains auront du mal à poser des limites, tandis que d'autres ne comprendront pas pourquoi ils ne peuvent pas toujours manifester leur affection. Dans cet article, nous explorerons des pistes pour sensibiliser les enfants à l’intimité et au consentement, tout en offrant aux parents et aux professionnels des outils pour les accompagner dans ce processus délicat.
Du côté des parents : une inquiétude légitime face à l'intimité de leurs enfants
Les parents sont souvent préoccupés par la manière dont l’intimité de leurs enfants est protégée, que ce soit à la maison, en famille ou lorsque l’enfant est gardé ou va à l’école. Cette crainte est compréhensible : l’enfant est encore en train de construire son rapport à son propre corps, et il est crucial que cet apprentissage se fasse dans le respect de ses limites. Aborder ces sujets avec les enfants n’est cependant pas chose aisée. Les parents craignent souvent de générer de l’angoisse en évoquant des notions comme le respect du corps dans les interactions avec les autres enfants ou les adultes, mais aussi la possibilité d'un danger. Pourtant, il est essentiel d’expliquer ces concepts avec des mots simples et adaptés à l’âge de l’enfant, en veillant à ne pas créer un climat de méfiance généralisée. L'objectif est de transmettre un message de protection, non d'inquiétude.
Par exemple, on peut expliquer à un enfant que certaines parties de son corps sont privées et que personne ne peut y accéder sans son accord, tout en lui apprenant à dire non de manière claire et assertive. Les parents jouent aussi un rôle modèle dans cette éducation. Il est essentiel qu’ils demandent eux-mêmes le consentement de l’enfant dans des gestes quotidiens comme un câlin, un baiser ou même lorsqu’ils interviennent pour des soins d’hygiène. En apprenant à leur enfant à exprimer ses limites et à respecter celles des autres, les parents posent les bases d’une relation saine à l’intimité et au consentement.
Du côté des enfants : des personnalités et des réactions variées face à l'intimité
Chaque enfant est unique, et sa manière de comprendre et d’exprimer son rapport à l’intimité l’est tout autant. Certains enfants, de nature timide ou réservée, peuvent éprouver des difficultés à s’affirmer, à exprimer leur inconfort ou à dire non lorsque leur espace personnel est envahi. D’autres, plus extravertis, peuvent avoir du mal à comprendre pourquoi ils ne peuvent pas montrer leur affection par des câlins ou des baisers, même si l’autre enfant n’est pas d’accord.
Un exemple fréquent est celui des salutations. De nombreux adultes continuent de penser qu’il est normal qu’un enfant donne un baiser ou un câlin pour dire bonjour, comme un simple geste de politesse. Pourtant, il est crucial de respecter le choix de l’enfant s’il ne se sent pas à l’aise avec ce type de contact physique. Un enfant a le droit de refuser un geste affectueux s’il ne le désire pas, et il est tout aussi important de lui expliquer que ce refus est légitime et doit être respecté par les autres.
De même, un enfant qui reçoit des avances physiques non sollicitées de la part d’un autre enfant, comme des câlins insistants, doit être encouragé à poser des limites claires. Il est essentiel de lui apprendre à s’exprimer et à verbaliser son inconfort, et d’expliquer que ses émotions et son espace personnel méritent toujours d’être pris en considération.
Les pistes pour sensibiliser les enfants à l’intimité et au consentement
- Nommer les parties du corps dès le plus jeune âge : Les enfants doivent apprendre à identifier et nommer les parties de leur corps, y compris les parties intimes, dès leur plus jeune âge. Cela les aide à mieux comprendre leur propre anatomie et à reconnaître les situations où leur espace personnel est envahi. Il est important d’expliquer que certaines parties de leur corps sont privées et ne doivent jamais être touchées sans leur consentement.
- Utiliser un langage clair adapté à l’âge de l’enfant : Il est important de nommer simplement les parties du corps par leur nom. Il faut appeler un chat, un chat et un pénis, un pénis ou un mamelon, un mamelon. Il ne doit pas y avoir de tabou à nommer les différentes parties du corps à votre enfant et ce dès le plus jeune âge.
- Expliquer clairement les limites : Les enfants doivent comprendre que personne n’a le droit de leur demander à voir ou à toucher leurs parties intimes. De la même manière, ils doivent aussi apprendre à respecter l’intimité des autres, que ce soit celle d’un autre enfant ou d’un adulte. Il est fondamental d’enseigner aux enfants que le respect des limites est une règle universelle et que cela s’applique même au sein de la famille.
- Demander leur permission : Demander la permission d’un enfant avant de l’embrasser, de le câliner ou même de lui faire un soin d’hygiène est essentiel pour lui faire comprendre que son consentement est important. Pour les nourrissons, il est également possible de verbaliser les soins réalisés, comme le change ou la toilette, en expliquant dans quel but ils sont effectués. Cela pose les bases d’une éducation au consentement dès le plus jeune âge.
- Encourager l’autonomie dans les soins corporels : Enseigner aux enfants à prendre en charge leurs propres soins corporels, comme se laver ou se changer, est une excellente manière de leur donner confiance en eux et de renforcer leur sentiment d’autonomie. Par exemple, un enfant peut commencer à participer au change de sa couche dès 12 mois et à se savonner seul à partir de 18 mois. Cela leur permet de mieux comprendre les gestes qui concernent leur propre corps et de renforcer la notion de consentement dans leur quotidien.
- Utiliser des supports adaptés : Il existe de nombreux livres pour enfants qui abordent la question de l’intimité et du consentement de manière ludique et pédagogique. Ces supports permettent aux enfants de s’identifier aux personnages et de mieux comprendre l’importance de poser des limites claires tout en respectant celles des autres. Les histoires peuvent également servir de point de départ pour des discussions avec les parents ou les professionnels de la garde d’enfants.
Conclusion
L'intimité et le consentement des enfants sont des enjeux essentiels dans l'éducation que nous leur offrons, tant au sein des familles que durant les temps de garde (à domicile ou dans des structures de garde d’enfants). Il est primordial de sensibiliser les enfants dès leur plus jeune âge à l'importance de poser des limites et de respecter celles des autres. En nommant les parties du corps, en expliquant les notions de respect et de consentement, et en encourageant l’autonomie dans les soins corporels, nous aidons les enfants à se construire une relation saine à leur corps et à leur intimité.
Les parents et les professionnels de la petite enfance doivent travailler main dans la main pour créer un environnement sûr et respectueux où chaque enfant se sent libre d’exprimer ses limites. Ce travail d’éducation est la clé pour élever des enfants qui grandiront en ayant confiance en eux, respectueux des autres et conscients de l’importance de leur propre consentement.
Bibliothèque : pour aller plus loin
- Livres jeunesse :
- “C’est mon corps” Mai Lan Chapiron (dès 2 ans)
- “Le petit illustré de l’intimité” de Mathilde Baudy et Tiphaine Dieumegard (dès 6 ans)
- “Ton corps t’appartient” (dès 6 ans) de Lucia Serrano et Ian Ericksen
- Guide gratuit : 10 règles d’or pour parler de la sexualité en famille
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